L’article résume une recherche exhaustive sur la politique linguistique en Italie pendant le fascisme, que l’Autrice a conduite - pendant presque dix ans – dans des archives de ministères, de bibliothèques publiques et privées. Pendant l’époque fasciste en Italie (1923-1943) le discours sur la langue se déroule particulièrement autour de trois questions liées entre elles: 1. comment créer une langue italienne ‘unitaire’ (unie ou unifiée) 2. comment obtenir une identification entre ‘langue – peuple – nation’ 3. comment purifier la langue italienne des influences étrangères pour aboutir à une langue ‘autarcique’. Ces trois questions sont considérées fondamentales par le régime fasciste pour réaliser sa politique de l’union nationale jusqu’à aboutir à l’autarcie. La langue peut sans doute constituer un moyen puissant pour promouvoir une unification nationale particulièrement en passant à travers l’expansion d’une même langue pour tous les citoyens. Comme, à l’époque, l‘Italie linguistique est encore assez fractionnée en de différents dialectes et langues minoritaires, linguistes et personnages de culture (écrivains, politiciens etc.) s’engagent dans des discussions essentiellement stériles et souvent contradictoires pour établir une norme linguistique qui puisse ainsi créer une langue unifiée, une langue unie (lingua unitaria). Cette idée est développée, dès les années 20, et sert au régime comme base pour justifier des interventions politiques d’abord contre les dialectes en général et contre les dialectismes dans la langue italienne. Spécialement à partir des années 30 ce débat s’intensifie contre les langues minoritaires pour obtenir, ainsi, non seulement une unification linguistique mais aussi et surtout une identification entre langue, peuple et nation. Telle idée de l’identité – historiquement non prouvable – entre langue, peuple et nation rejoint son apogée vers la fin des années 30 en se développant, au début des années 40, dans des interventions soutenues et financées par le gouvernement fasciste contre les mots étrangers (les soi-disant ‘exotismes’) dans un esprit d’autarcie linguistique. En général, l’équation ‘peuple = nation = langue’ devait être assurée et vers l’intérieur et vers l’extérieur: vers l’intérieur contre l’usage, dans les situations publiques, en particulier des dialectes mais aussi du jargon et d’une soi-disant ‘langue moyenne collective’ (lingua media collettiva) et, finalement, contre les langues minoritaires existantes sur le territoire italien; vers l’extérieur contre les influences de langues étrangères.
De la langue unitaire à la langue autarcique: le discours sur la langue pendant le fascisme en Italie
KLEIN, Gabriella Brigitte
2004
Abstract
L’article résume une recherche exhaustive sur la politique linguistique en Italie pendant le fascisme, que l’Autrice a conduite - pendant presque dix ans – dans des archives de ministères, de bibliothèques publiques et privées. Pendant l’époque fasciste en Italie (1923-1943) le discours sur la langue se déroule particulièrement autour de trois questions liées entre elles: 1. comment créer une langue italienne ‘unitaire’ (unie ou unifiée) 2. comment obtenir une identification entre ‘langue – peuple – nation’ 3. comment purifier la langue italienne des influences étrangères pour aboutir à une langue ‘autarcique’. Ces trois questions sont considérées fondamentales par le régime fasciste pour réaliser sa politique de l’union nationale jusqu’à aboutir à l’autarcie. La langue peut sans doute constituer un moyen puissant pour promouvoir une unification nationale particulièrement en passant à travers l’expansion d’une même langue pour tous les citoyens. Comme, à l’époque, l‘Italie linguistique est encore assez fractionnée en de différents dialectes et langues minoritaires, linguistes et personnages de culture (écrivains, politiciens etc.) s’engagent dans des discussions essentiellement stériles et souvent contradictoires pour établir une norme linguistique qui puisse ainsi créer une langue unifiée, une langue unie (lingua unitaria). Cette idée est développée, dès les années 20, et sert au régime comme base pour justifier des interventions politiques d’abord contre les dialectes en général et contre les dialectismes dans la langue italienne. Spécialement à partir des années 30 ce débat s’intensifie contre les langues minoritaires pour obtenir, ainsi, non seulement une unification linguistique mais aussi et surtout une identification entre langue, peuple et nation. Telle idée de l’identité – historiquement non prouvable – entre langue, peuple et nation rejoint son apogée vers la fin des années 30 en se développant, au début des années 40, dans des interventions soutenues et financées par le gouvernement fasciste contre les mots étrangers (les soi-disant ‘exotismes’) dans un esprit d’autarcie linguistique. En général, l’équation ‘peuple = nation = langue’ devait être assurée et vers l’intérieur et vers l’extérieur: vers l’intérieur contre l’usage, dans les situations publiques, en particulier des dialectes mais aussi du jargon et d’une soi-disant ‘langue moyenne collective’ (lingua media collettiva) et, finalement, contre les langues minoritaires existantes sur le territoire italien; vers l’extérieur contre les influences de langues étrangères.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.